Eglise ND de Nazareth
Les premiers religieux qui se sont installés à Valréas de façon permanente étaient des moines bénédictins. Ils avaient été envoyés par les moines de l’abbaye de Cruas située à une cinquantaine de km dans la Vallée du Rhône (période carolingienne).
Pas assez nombreux pour fonder un monastère ils se limitèrent à un modeste prieuré situé tout d’abord dans une zone de plaine à 1,5 km au sud de l’agglomération, quartier Saint-Vincent (quelques vestiges).
Pour se soustraire aux invasions (IV au VI ème siècles) ils vinrent s’installer sur le site actuel de l’église, en hauteur, sous la protection des seigneurs locaux (Ripert) ; ce transfert semble avoir été insuffisant puisque un premier édifice est détruit (IX – X èmes siècles) ; des éléments de décor furent remployés dans un nouvel édifice l’actuel, principalement dans la façade méridionale et, plus curieusement au sommet de la voute de la première travée romane en partant de la façade. L’existence du prieuré est confirmée par la toponymie : la calade qui longe le chevet porte encore le nom provençal de « clastre », c'est-à-dire cloître.
L’édifice initial comportait une nef unique, barrée juste avant le chœur d’un transept conférant à l’ensemble un plan en croix latine.
Au fil des siècles, l’édifice s’est constamment agrandi ; pas uniquement par accroissement du nombre de fidèles, mais aussi pour consolider et agrémenter le sanctuaire : un collatéral de chacun des côtés de la nef préexistante, eux-mêmes augmentés de chapelles latérales ; d’une large travée occidentale qui devait remplacer celle d’origine, et en partie ses 2 collatéraux. Cette dernière transformation a généré une nouvelle façade axiale (inachevée) et deux nouvelles chapelles latérales.
Ainsi, seul le chevet a échappé à l’englobement de bâtiments postérieurs au premier édifice ; le chevet est la vue la plus intéressante et la plus pure au niveau de l’art roman (carrefour d’influences).
Outre le buffet d’orgue, l’intérieur présente un intérêt certain : autels, tableaux, fresque, statuaire, reliquaires, lutrin…et vaste crèche pour les fêtes.
La titulaire du sanctuaire est Notre-Dame de Nazareth (thème de l’ensevelissement de Marie sur la fresque du chœur), alors que la paroisse est placée sous le vocable de Saint-Vincent (statue à l’intérieur, et à l’extérieur au sommet du pignon de la façade occidentale).
Enfin, comme il se doit, l’église est orientée.
La chapelle de la Vierge (voir photo ci-dessous) a été rajoutée au XVIII ème siècle (voir plan chronologique ci-dessus).
Le décor évoque la vie de la Vierge avec les tableaux de :
- « La Visitation » attribué à Nicolas Mignard (représentation identique dans la chapelle Sainte Anne)
- « La Présentation » dû à un artiste marseillais
Les petits médaillons latéraux reprennent les litanies de ND de Lorette. Les 2 médaillons en « grisaille » de l'arc d'entrée, représentent la Nativité et l'Adoration des Mages d'après Mignard.
Du début décembre à la mi-février, la totalité de cette chapelle est occupée par une monumentale crèche provençale.
Dans le chœur de l'église, abside primitive en cul-de-four, on remarque le vestige d'une fresque du XVIème siècle découverte en 1978, lors des travaux de restauration.
Ce reste de fresque pourrait être l'élément central d'un cycle consacré à la Vierge, l'église étant dédiée à Notre-Dame de Nazareth. On peut supposer à gauche sa Nativité et éventuellement une autre scène, au centre son tombeau vide entouré de ses proches (actuellement visible : voir photo ci-contre), et à droite son Assomption avec peut-être un 5ème élément pour établir la symétrie.